Alain Delon est décédé ce 18 août 2024. Il a été, avec Jean-Paul Belmondo, le roi de nos acteurs pendant 25 ans, grosso modo de 1959 à 1984. La plupart de ses films, durant cette période et notamment entre 1960 (Plein soleil) et 1976 (Monsieur Klein), ont été soit des classiques (ses films d'auteur avec René Clément, Luchino Visconti, Jean-Pierre Melville, Joseph Losey) soit d'excellents films commerciaux (comme Mélodie en sous-sol, Les aventuriers, Le clan des siciliens ou Borsalino). Delon était à cette époque une superstar et ses films faisaient les plus belles recettes du cinéma français. Cependant, Delon superstar n'était pas (contrairement à ce que la plupart des chroniqueurs incultes rabâchent depuis quelques semaines sur les ondes à longueur de journée) un très grand acteur, comme ont pu l'être à la même époque Philippe Noiret ou Michel Piccoli. Delon avait davantage un charisme et un magnétisme naturels qui fascinait, il pouvait être excellent dans un rôle (Les granges brûlées ou Soleil rouge, par exemple) et il pouvait être carrément mauvais dans un autre rôle (par exemple, dans le film Le gang où il se couvre de ridicule dans la séquence qui se passe au commissariat...). Il est tombé cet été 2024, faut dire que l'on s'y attendait un peu... Ironie du sort : comme Bébel, il est parti dans sa quatre-vingt neuvième année, puisqu'il aurait eu 89 ans le 8 novembre 2024. Mais il était fatigué et il avait fait son temps (comme on dit). Lui-même en convenait vers la fin, cette époque ne l'intéressait plus. Il faut dire, pour être tout à fait lucide, que plus personne ne s'intéressait à lui, et notamment les gens du cinéma. Il aurait aimé faire un dernier film avec une star féminine, mais aucun producteur ni metteur en scène n'aurait pris un tel risque, d'autant que dans ses dernières interviews ou apparitions il avait passablement décliné au point de s'exprimer avec difficulté et confusion, sans parler de sa mémoire qui lui faisait défaut... Ainsi va la vie, car le Delon des années 60 et 70 était déjà un conquérant ! Outre l'Europe, ses films ont pénétré la Russie, le Japon, l'Amérique du sud, la Chine (un peu plus tard, en 1975, avec Zorro). En 1968, il est au générique de ADIEU L'AMI, film triller de Jean Herman, tenant la dragée haute à Charles Bronson, star montante du cinéma américain. D'ailleurs, la décennie 1960 lui apporta une gloire planétaire, en témoignent ses principaux films à cette époque, qui sont presque autant de classiques, aujourd'hui : Plein Soleil, Rocco et ses frères, Le guépard, L'éclipse, Mélodie en sous-sol, L'insoumis, Les félins, Les aventuriers, Jeff, Paris brûle-t-il ?, Le samouraï, La piscine, La motocyclette, Le clan des siciliens, Borsalino.. Delon était dans les années 60 au sommet de son art et de son...arrogance dans ses interviews. Il était l'acteur le plus " bankable " du cinéma européen, il pouvait tout se permettre, imposer par exemple ses partenaires dans ses propres films (à l'instar de Romy Schneider dans La piscine).. 
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